EXPOSITION
DU 28 SEPT. AU 15 DÉC. 2002

En d’autres termes

Patrice Hamel

Pour l’automne, le Parc Saint-Léger – Centre d’art contemporain propose une incursion dans un univers artistique formel et rigoureux, issu des questionnements historiques sur l’art, ses conditions d’exposition et sa réception. Depuis plusieurs années, Patrice Hamel a engagé une série sous le titre générique Répliques, recherche sur le mot, son écriture et sa lecture dans l’espace, et qui joue sur la double signification du mot titre : « action de répondre », et « chose qui semble être le double, l’image d’une autre ».

Patrice Hamel décrit ainsi sa démarche : « Le principe de travail des Répliques consiste à modifier la forme usuelle de l’alphabet afin qu’à partir d’une suite de lettres ainsi forgées, une fois placée judicieusement dans l’espace, il soit possible de lire le même mot sous des angles opposés. Ce mot est choisi pour sa capacité à rendre compte d’une caractéristique affectant les formes dont je tire profit. » Le spectateur a une part active dans le processus d’élaboration de l’œuvre, par l’opération mentale qu’il effectue pour lire les mots. Patrice Hamel cherche à rendre conscient l’observateur des multiples procédures qu’il est obligé d’effectuer pour accéder aux différentes strates du travail : perception visuelle immédiate, renvoie à la référence de l’alphabet traditionnel, lecture du mot, puis de son double réversible, accès au sens, mise en relation du sens avec l’espace. Cet effort de compréhension intègre un aspect ludique propre à la dimension interactive de l’œuvre. L’identité et les caractéristiques de l’espace occupé constituent aussi une part importante dans l’œuvre elle-même.

Avec ses baies vitrées, ses grands murs et son architecture très prégnante, le Centre d’art est un lieu particulièrement adapté pour mettre en jeu ce travail qui lie étroitement sens et forme, perception et signification. Les mots, réversibles ou à double signification, se décryptent et prennent tout leur sens en fonction de l’endroit où ils sont placés, projetés sur un miroir qui renvoie le reflet sur le mur, inscrits en lettres vinyle sur une vitre, en lettres de néons prolongées par leurs reflets, ou encore reproduits à l’envers par une projection au sol. L’œuvre est immatérielle et se déploie dans tout l’espace par la lumière, le reflet, le déplacement du spectateur. Paradoxalement, elle s’inscrit sur un fil tendu entre l’invisibilité et le spectaculaire.

Texte de Danièle Yvergniaux