Le futur n’existe pas: rétrotypes
Alain Bublex, Elie During

Co-édition Parc Saint-Léger / B42
Avec le soutien du VOG, Grenoble, de l’Isat, Nevers, du Frac Franche Comté, de la galerie G.-P. N. Vallois.
2014

Couleur, 80 p., 22 × 32 cm — 24€

Un philosophe spécialiste de Bergson et d’Einstein, passionné d’art contemporain (Elie During), un artiste issu du design automobile, connu pour ses projets mêlant fiction, utopie et fiction d’utopie (Alain Bublex), se rencontrent autour d’un problème commun: celui de notre rapport au futur. Mais une fois dit que le futur n’existe que sur le mode de la prévision, de la projection ou du fantasme, comment faire autrement que parler du présent – par exemple de notre incapacité présente à désirer le futur? Ce thème de la «nostalgie du futur» a été développé par des penseurs comme Jameson sur les ruines des grands récits et des utopies du siècle, dont témoignent à leur manière les grandes expositions universelles. Il nourrit aujourd’hui des discours ambivalents sur la «rétro-manie» ou le «rétrofuturisme», un courant qui traverse toute la culture contemporaine, de la science-fiction à la musique pop en passant par l’architecture, la mode ou le design. Les auteurs de ce livre proposent du phénomène rétrofuturiste une lecture différente, en partant d’une intuition simple: le futur n’existe qu’à travers les innombrables futurs portés par les époques révolues, et notamment par notre modernité proche, qui a peut-être tenté avec plus d’intensité qu’aucune autre de prendre son avenir en main. L’histoire est décidément bien plus peuplée qu’on ne l’imagine. Les futurs du passé, non réalisés, insistent au coeur de notre temps, dessinant par leurs lignes de futurition active une multitude d’histoires parallèles. Ces futurs existent-ils moins que les autres? Pourquoi ne pas leur conférer une dignité ontologique égale à celle des futurs du présent? Ce serait l’occasion d’en parler, pour une fois, sans ironie ni nostalgie, du point de vue des ressources qu’ils offrent au projet artistique, mais aussi à la création philosophique.

 

Ces questions accompagnent depuis toujours l’oeuvre d’Alain Bublex, qu’il s’agisse de reconstruire un prototype de moto «pieds devant» ou de redéployer, à partir d’une série de trames graphiques, le Plan Voisin imaginé par Le Corbusier pour le centre de Paris. Elles sont aussi au coeur des recherches menées par Elie During au croisement de la métaphysique, de l’esthétique et des sciences. Parcourant allègrement les champs les plus divers (cinéma, art, littérature, architecture), le livre développe son hypothèse centrale en explorant de façon ludique les formes d’un temps «flottant» tressé de futurs virtuels, dans un va-et-vient constant entre concepts et figures. Pour arracher aux limbes du passé les scènes rêvées de la vie future, Alain Bublex a eu recours à des «rétrotypes»: photographies de petit format et documents scannés, schémas rapides réalisés en dessin vectoriel, leur précision approximative les apparente aux vignettes légères de la décalcomanie. Le texte se déroule continûment, bordé par cette procession d’images qui tantôt l’illustrent tantôt le commentent ou le contrarient, à la manière d’hyperliens sur une page internet. C’est un livre de philosophie commenté par l’image, ou si l’on préfère un livre d’artiste ouvert à l’expérimentation philosophique.

 

Co-édition Parc Saint-Léger / B42, avec le soutien du VOG, Grenoble, de l’Isat, Nevers, du Frac Franche Comté, de la galerie G.-P. N. Vallois.

 

(Source:   www.editions-b42.com)