EXPOSITION
DU 11 JUIN AU 04 SEPT. 2011

Manufacture

Michael Beutler, Dewar & Gicquel, Ida Ekblad, Vincent Ganivet, Hedwig Houben, Emmanuelle Lainé, Charles Mason
Commissaires : Zoë Gray & Sandra Patron

 

En Europe, notre époque post-industrielle nous éloigne un peu plus chaque jour de la réalité matérielle et de la production des biens et marchandises. Nos biens de consommation courants, produits pour des salaires de misère à quelques milliers de kilomètres de nous, distribués via des canaux complexes dont la traçabilité nous échappe, deviennent des biens jetables à durée de vie limitée. Ce déclin de l’usage quotidien des outils semble présager un changement de notre relation au monde, débouchant sur une attitude plus passive. Lorsque nos biens tombent en panne, nous les remplaçons, dans l’incapacité que nous sommes de les réparer et d’en comprendre même le mode de fonctionnement. Cependant, ces dernières années sont également marquées par un intérêt croissant des populations dans les processus de production «fait-main» comme l’artisanat, le bricolage ou le do-it-yourself. Bien que ce mouvement s’inscrive dans le contexte d’une crise économique mondiale, il fait également partie d’un mouvement de pensée plus large – si ce n’est contestataire du moins alternatif – qui propose de reconsidérer notre relation au travail et à la production.

Ce processus de dématérialisation et de rematérialisation trouve un écho saisissant dans l’histoire des arts et des idées des cinquante dernières années. La question de la dématérialisation de l’œuvre d’art, enclenchée par Marcel Duchamp au début du XXème siècle et théorisée par l’historienne de l’art américaine Lucy Lippard en 1968, engendre un courant de fond chez les artistes contemporains, où l’idée prend le pas sur la matérialisation de l’œuvre, aboutissant dans les années 1970 à sa disparition physique pure et simple. Cette volonté de déléguer le geste et la production à des tiers a certes libéré les artiste de l’obligation de produire eux-mêmes des objets, cela n’a pas empêché leur désir de se confronter à la matière dans une attitude qui refuse la binarité entre le contenu et la forme.L’exposition Manufacture au Parc Saint Léger tente de mettre à jour ce que « produire » pour un artiste signifie aujourd’hui, en regard de l’histoire de l’art mais en regard également des soubresauts de notre société où cette notion, dans un contexte de globalisation et de consommation de masse, est questionnée voire malmenée.

Héritiers de l’art conceptuel tout autant que de notre ère industrielle, les artistes de Manufacturen’hésitent pas à puiser dans l’artisanat, la récupération ou le bricolage, un vocabulaire de formes, de gestes et de techniques, qu’ils inscrivent dans une pratiques actuelle et conceptuelle, évitant tout fétichisme lié à une quelconque prouesse technique. Et de fait, certains des artistes partagent une utilisation à contre-emploi des matériaux et techniques choisis. D’autres explorent les possibilités offertes par l’imprévu, l’échec, le hasard ou les accidents. Ce qui les animent dans des processus de production souvent longs, parfois laborieux, c’est la question de la pratique et comment cette pratique entraîne une forme de familiarité, de connivence et d’émancipation envers le monde. Dans cet aller-retour entre processus artisanaux et industriels, entre matériaux contemporains et traditionnels, entre idée et forme, les artistes de l’exposition développent une approche fondée sur l’expérimentation et l’empirisme.

Si le titre de l’exposition est un clin d’œil au passé ouvrier du site – autrefois une usine d’embouteillage d’eau de la station thermale -, il permet également de considérer ce lieu pour ce qu’il est encore aujourd’hui, une fabrique de l’art, un chantier permanent où se pose au quotidien la question de la production de l’œuvre.

Zoë Gray* & Sandra Patron

* Zoë Gray est actuellement curatrice au Centre d’art contemporain Witte de With à Rotterdam où elle a monté une série d’expositions personnelles avec (entre autres) Brian Jungen, Saadane Afif, Geoffrey Farmer, Keren Cytter, Manon de Boer et Cosima Von Bonin. À Witte de With, elle organise également des symposiums, dont Rotterdam Dialogues : Critics, Curators, Artists (2008-2009) et The Periphery Complex (2007). En parallèle de cette activité, elle a été commissaire de Beton Belvédère, une exposition de Cyprien Gaillard à Stroom, La Haye (2009) et écrit pour de nombreux magazines et des publications d’artistes. Le projet Manufacture est une extension de l’exposition collective qu’elle organise actuellement à Witte de With Making is Thinking.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Dimanche 19 juin à 15h
Visite commentée de l’exposition

Mercredi 13 juillet dès 18h
Soirée spectacle au Parc Saint Léger
18h : visite commentée de l’exposition
19h : vin d’honneur dans le jardin Cherche la rose de Benoît Billotte
19h30 : Les balades dans l’agglo des Zaccros d’ma Rue présentent La Noce de la compagnie Humani Théâtre. Une fable drôle, féroce, impitoyable qui fustige le mariage d’après l’œuvre de Tchékhov

INFOS PRATIQUES

VERNISSAGE
vendredi 10 juin à 18h30

DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER