RÉSIDENCE SECONDAIRE

de octobre à décembre 2009

Dae Jin Choi

Revendiquer une contextualisation politique à l’amont de la réalisation d’une pièce, serait-ce renouer avec la tentation du message ? L’art conservet-il ce rôle de passeur d’une opinion de l’artiste ? A-t-il eu seulement cette fonction ? À moins qu’il ne faille reconsidérer la chose politique dans son acception originelle, à savoir l’administration de la cité. Dae-jin Choi affirme que le contexte politique initie chacune de ses productions.
Sa recherche s’inscrit dans deux espaces distincts, en cette période où les objets de communication portables font s’interférer le public avec l’intime. Ces deux espaces distincts, l’un public et politique, car c’est celui de l’urbanité, de la rue, l’autre intime et personnel, car c’est celui de l’atelier, génèrent deux typologies de travail en apparence non miscibles ; pourtant, la production de l’atelier apparaît comme l’émanation de celle de la rue, de « la vie ». Le dessin, pour lequel Dae-jin se défend de toute invention car ce qui le compose existe déjà, est une interprétation, subjective, spontanée, intuitive voire instinctive, d’une complexité sensorielle. Ce dessin se fait là où l’artiste s’arrête : une terrasse, un banc, un transport en commun… Cette pratique, entamée depuis longtemps, est le moteur d’une production moins intuitive, plus réflexive, plus contraignante aussi, qui se fait dans l’intimité de l’atelier : la sculpture. Le dessin, réalisé dans l’espace public, pour autant qu’il reste autonome, marque le début d’un processus, sans qu’il soit l’esquisse de la sculpture.
Voir une œuvre de Dae-jin Choi, ce serait prendre conscience de la difficulté, probablement de l’impossibilité, d’une vision panoramique sur la complexité de notre époque. C’est ainsi que l’artiste nous renvoie son comportement« dans la vie » : se posant la question de sa circulation dans le quotidien, il propose au visiteur une prise de conscience de sa propre gravitation autour de ses pièces. L’indétermination ou l’ambiguïté par l’échelle, qui se situe entre la maquette et la dimension architecturale, par le rapport entre construction et destruction, par l’usagede l’objet, souvent le jouet, ready-made, et le façonnage d’une forme (en ciment, en mousse polyuréthanne que l’artiste nomme « chantilly »), met en avant un sentiment d’étrangeté, voire de désorientation, qui ne manque pas de nous traverser lorsque nous nous inscrivons dans la cité, dont l’administration de cette inscription resterait la base de la politique.
Pascal Thevenet