MATHIEU KLEYEBE ABONNENC, LAWRENCE ABU HAMDAN, ZBYNĚK BALADRÁN, ÉRIC BAUDELAIRE, JULIEN BISMUTH, MAXIME BONDU, ANETTA MONA CHIŞA & LUCIA TKÁČOVÁ, NEMANJA CVIJANOVIĆ, LORETO MARTÍNEZ TRONCOSO, ROMAN ONDÁK, CHRISTODOULOS PANAYIOTOU, SÉBASTIEN RÉMY, MATTHIEU SALADIN, CHARLOTTE SEIDEL, REMCO TORENBOSCH, CYRIL VERDE, MARIE VOIGNIER, LOIS WEINBERGER, CARLA ZACCAGNINI, AINSI QUE H.A. SCHWARTZ, EICHSTAEDT, KERN, DZIURZYNSKI, RAMONES, AGRAWAL, SHAH, KOSINSKI, STILLWELL, SELIGMAN, UNGAR
EXPOSITION
DU 29 MAI 28 AOÛT 2016
ÉCONOMIE
DE LA TENSION
À travers les propositions d’une vingtaine d’artistes de divers pays et générations, ainsi que d’un groupe de scientifiques, l’exposition « Économie de la tension » vise à explorer des pratiques qui relèvent de la prise de position.
Le titre de l’exposition détourne la notion d’« économie de l’attention », récemment analysée par le chercheur Yves Citton dans les ouvrages Pour une écologie de l’attention et L’Économie de l’attention. Nouvel horizon du capitalisme ? (2014) Selon cette théorie, dans un monde de surabondance d’information, nos régimes attentionnels sont désormais caractérisés par la disponibilité intellectuelle en tant que ressource rare – au risque d’une transformation des esprits en capital marchand. Le phénomène observé, loin d’être récent, n’a fait que s’amplifier lors de l’ère industrielle, pour devenir progressivement hégémonique avec les avancées technologiques à l’heure des réseaux numériques. Il touche des sphères aussi diverses que l’économie, la publicité, les médias, l’éducation, la recherche et la culture, par une focalisation tendancieuse sur un choix restreint de paramètres et une obsession par la quantité plutôt que par la qualité de l’attention. «Plus largement, chaque fois que se met en place une procédure d’évaluation (de l’administration publique, de l’hôpital, de l’école, etc.), cette procédure contribue à produire activement les valeurs qu’elle prétend se contenter d’observer objectivement, suscitant des boucles récursives qui affolent nos boussoles.1»
Comment se positionne l’art face à cette « course à l’attention », quels sont le rôle et le degré d’implication de l’artiste dans la société ?
En France, le printemps 2016 marque un désir de se réapproprier la chose politique. Redéfinissant le caractère participatif d’une démocratie, cette prise de conscience dépasse le cadre formel des mouvements sociaux traditionnels. Elle se cristallise notamment autour de l’initiative populaire « Nuit debout », qui a ouvert un nouveau type d’espace de débats et de propositions. La méfiance envers les discours des médias de masse y exprime l’envie de renégocier le champ d’attention de l’espace médiatique, de repenser les outils d’analyse de la société, voire d’en créer d’autres qui reflètent une pluralité de points de vue.
Il est intéressant de comparer ce désir sociétal nouveau avec ceux du champ de l’art. Non sans justesse, un récent article intitulé « Il se passe quelque chose… (sauf dans la culture)2 » critique l’engagement souvent superficiel et la distance confortable entretenus par le monde de l’art en général et ses institutions en particulier, véhiculés par des prises de parole restant lettre morte.
Le débat autour de la fonction et l’utilité sociales de l’art n’est aucunement inédit. En particulier, le XXème siècle a été témoin d’une divergence entre le modernisme, défendant la spécificité du domaine esthétique, et les avant-gardes, visant l’abolition de la distinction entre art et vie. Dans le sillage de cette opposition, diverses pratiques ont vu le jour, à l’image de la critique institutionnelle, l’art engagé ou encore participatif, dont l’efficacité et l’héritage se trouveront dilués sur un fond de marchandisation exponentielle de l’art contemporain. Depuis autre perspective historique, ironiquement le caractère transformationnel de l’art, sa capacité à accaparer les esprits et à retenir l’attention, ont été reconnus par le Bloc de l’Est à travers leur embrigadement au service de la propagande.
Au sein d’un climat intellectuel riche et fébrile, l’exposition « Économie de la tension » souhaite réinvestir l’outil de production qu’est un centre d’art, en tant que terrain d’expérimentation et caisse de résonance de la pluralité de regards qui définit la communauté artistique. Ainsi, l’exposition envisage l’espace physique et symbolique du centre d’art et l’attention de son public comme dispositifs d’analyse et de mise en application des stratégies artistiques face à l’autorité des discours politiques, culturels ou médiatiques. Leur énumération non exhaustive – témoignage, examen, ironie, déconstruction, résistance, infiltration, perturbation, imposture, quête identitaire – implique une déchirure dans la hiérarchie des comportements, une tension introduite au sein du domaine artistique, citoyen et politique.
Émile Ouroumov
1- « L’attention, un bien précieux », entretien entre Stéphanie Arc et Yves Citton, in CNRS Le journal, 17/07/2014. https://lejournal.cnrs.fr/articles/lattention-un-bien-precieux
2- Jean-Marc Adolphe, « Il se passe quelque chose… (sauf dans la culture) », in Mediapart, 19/04/2016. https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-adolphe/blog/190416/il-se-passe-quelque-chose-sauf-dans-la-culture
AUTOUR DE L'EXPOSITION
Nemanja Cvijanović
The Monument to the Memory of the Idea
of the Internationale fut présenté au Prieuré
de La Charité-sur-Loire du 25 mai au 28 août 2016.
CONVERSATIONS
Tous les dimanches à 16h, le Parc Saint Léger
vous invite à des rencontres autour de l’art contemporain.
Deux événements spéciaux:
Dimanche 5 juin: avec Émile Ouroumov, commissaire de l’exposition
Dimanche 19 juin: avec Élie Guéraut, doctorant en sociologie
EX-TENSION
Samedi 2 juillet
Soirée d’événements autour de l’exposition, au Parc Saint Léger.
17h: Ouverture d’atelier de Selket Chlupka
et Nicholas Vargelis, artistes en Résidences Secondaires au centre d’art de mars à mai 2016.
20h: intervention-projection de Sébastien Rémy et Cyril Verde, autour du projet ACME
ATELIER D’ÉCRITURE
Samedi 4 juin
Animé par Pierre Bastide, expression libre autour des œuvres de l’exposition.
Gratuit, sur inscription (dans la limite des places disponibles).
ATELIER POUR LES FAMILLES
Dimanche 24 juillet à 15h
Visite de l’exposition suivie d’un atelier et d’un goûter.
À partir de 5 ans, gratuit sur inscription.
CONFÉRENCE
Jeudi 15 septembre à 18h30
Avec Igor Galligo, Chargé de recherche auprès du Ministère de la Culture et de la Communication (DREST) / EnsadLab.
INFOS PRATIQUES
Vernissage samedi 28 mai de 17h à 21h
Intervention de Loreto Martínez Troncoso à 18h30
DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER