EXPOSITION
DU 28 JUIN AU 23 AOÛT 2009

Le chant de la carpe

Orla Barry, Hugues Decointet, Geoffrey Farmer, Benoît Maire, Jack Pierson, Hannah Rickards, Amikam Toren, Jan Vercruysse

Présentation de « Sept slogans orthophoniques » de Ghérasim Luca, Éditions Corti, 2008

Commissariat : Vanessa Desclaux et Sandra Patron

 

« Le chant de la carpe » aborde la question de la représentation à l’endroit précis où elle révèle son inconsistance, comme prise de hoquet, les artistes invités l’abordent en quelque sorte par ses chemins de traverse que sont l’absence, l’invisible, la répétition, la compression, l’accumulation, le fantasme.

L’exposition a pris forme dans le double mouvement d’une conversation entre les commissaires, et entre les commissaires et une série d’œuvres de Jan Vercruysse intitulées « les Paroles ». La parole est silencieuse dans l’œuvre de Vercruysse et néanmoins fait preuve d’un excès de présence, maintes fois répétée, reconfigurée et réaffirmée. C’est dans son jeu de l’excès et du défaut que Vercruysse questionne la tension du visible et du dicible et ainsi trouble le régime de la représentation. Cette distance ainsi créée entre la parole et ce qu’elle désigne engage le pouvoir de l’imaginaire, de la fiction et du fantasme. Il dénonce la dépendance du sensible à la parole qui le signifie, et crée un espace en dehors du sens dans sa dimension purement communicationnelle, investissant ainsi le potentiel à la fois poétique et plastique de la forme et du langage.

Cette distance entre la parole et ce qu’elle désigne, crée un espace dans lequel s’investit l’invention fictionnelle de l’art. Cette affirmation du choix dans la représentation et de son potentiel d’invention est propre aux œuvres présentées dans l’exposition. Les œuvres choisies témoignent d’une énergie créatrice qui se manifeste sous la forme de la répétition, de l’accumulation ou de la transformation. Alain Cueff dans son texte sur Les Paroles de Vercruysse cite Giorgio Agamben et affirme que « quand cesse le langage, ce qui advient ce n’est pas l’indicible mais le langage comme matière »

Les œuvres choisies pour l’exposition mettent en espace un éclatement originaire de la représentation, qui prend forme physiquement dans une multiplicité de fragments et de perspectives (Maire, Toren, Farmer, Decointet, Barry), ou immatériellement, usant de la temporalité (Rickards) ou de la distance entre texte et objet ou image (Vercruysse, Pierson). Elles mettent ainsi en jeu cette sorte de quatrième dimension qu’est l’imagination, celles des artistes et celle, anticipée, du visiteur. Elles interrogent la distance entre l’action et son récit, l’objet et le nom qui le désigne, la réalité et la fiction, l’œuvre en tant qu’idée, concept, et sa manifestation physique.

Cette affirmation de l’expérience de la limite, d’un espace entre saturation et manque, excès et défaut, présence et absence, est propre à des œuvres qui questionnent la limite de la représentation, mais néanmoins montrent leur désir de réaffirmer le pouvoir de l’art et de l’expérience esthétique.

* Sandra Patron est la directrice du centre d’art contemporain du Parc Saint Léger. Vanessa Desclaux est actuellement assistante curator à la Tate Modern, où elle prend part au développement du programme des performances. Depuis 2006, elle contribue régulièrement en tant qu’auteur à divers magazines, tel que Untitled en Grande-Bretagne ou Art press en France. En 2007, elle co-édite What is conscienceness ? de Benoit Maire, un livre d’artiste publié chez Revolver. En 2008, elle est co-commissaire de l’exposition Here We Dance à la Tate Modern et commissaire de The artist is a mysterious entertainer à De Appel, Amsterdam.

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