EXPOSITION
DU 29 JUIN AU 21 SEPT. 2008

Los Angeles Confidentiel

Chris Beas, Walead Beshty, Jennyfer Boysen, Liz Craft, Gustavo Godoy, Amy Granat & Drew Heitzler, Katie Grinnan, Julian Hoeber, Farrah Karapetian, Pentti Monkonnen, Amy Sarkisian, Eric Wesley, Mario Ybarra Jr., cinerama : Chris Beas, Julian Hoeber, Los Super Elegantes, Pentti Monkonnen, Miguel Nelson
Commissariat de l’exposition : Sandra Patron et Allyson Spellacy (1)

On ne peut faire une exposition qui propose une vue même partielle et subjective de la scène artistique de Los Angeles sans parler de la ville elle-même. Les données historiques, urbanistiques, culturelles, sociales et économiques ont profondément influencé la pratique des artistes dits de la « côte Ouest » et il est fort à parier que l’inverse est également vrai, car ici plus qu’ailleurs, les artistes – à comprendre au sens large du terme- façonnent la ville et l’image qu’elle se donne d’elle-même. Ville à la fois adorée et décriée pour sa diversité, son hétérogénéité, son industrie et ses travers, Los Angeles défie toute classification. Cette impression ne passe pas forcément par le vécu mais bien par le prisme d’un réel fictionnalisé : Hollywood, les séries télé, les bimbos et les grosses cylindrées, mais aussi le chaos de la circulation, les émeutes dans les quartiers, les tremblements de terre dont le monde ne reçoit l’écho que par les images entêtantes diffusées en boucle sur CNN.

Los Angeles, terre de fantasmes et terre de clichés, est incontestablement pour les artistes qui y vivent un réservoir de modèles à investir ou à détourner. Bienvenue dans un monde à part où coexistent dans un mix particulièrement jubilatoire une culture de l’entertainment exacerbée et magnifiquement symbolisée par Hollywood, et une culture de l’underground, cette contre-culture née dans les années 60 et dont les porte-drapeaux (involontaires) furent en leur temps Kerouac et Burroughs pour ne citer qu’eux.
Consacrer une exposition aux artistes de Los Angeles n’est pas une idée nouvelle. Néanmoins, en passant par le prisme du mythe, des projections et représentations que l’on peut s’en faire, et surtout de la façon dont ces projections structurent une scène artistique, ce projet a l’ambition de renverser la proposition et d’offrir un point de vue « confidentiel » sur une ville et sa scène artistique. Les artistes choisis ne viennent pas tous de Los Angeles et ne prétendent pas en être les représentants. On connaît déjà en partie la scène artistique de Los Angeles, notamment grâce à l’exposition du centre Pompidou en 2007 et au travail de certains musées qui ont contribué à la consécration des artistes les plus reconnus mais jamais encore en France une exposition n’avait proposé un « instantané local » conséquent (et par nature international) en réunissant « un groupe d’artistes de Los Angeles » qui anticipe franchement toute forme de simplification. Plusieurs sont bien établis à Los Angeles (et notamment présents à la dernière Whitney Biennal) mais encore peu ou pas connus en France. D’autres sont considérés là-bas comme des artistes émergeants.

Comment passe-t-on du « mythe » au « confidentiel » ? Rien de plus figé qu’un mythe, miroir aux alouettes dans lequel nous semble-t-il ne tombent pas les artistes sélectionnés pour cette exposition. Et si cette exposition propose de passer du champ sémantique du mythe à celui du confidentiel, c’est pour mieux mettre en exergue une des forces de cette scène artistique : sa capacité à rejouer et à déjouer avec flamboyance et humour tout à la fois les pièges du fake hollywoodien et ceux d’une nostalgie rance liées à l’âge d’or de la contre-culture. Et si finalement cette exposition à visée géographique n’était qu’un prétexte ? Notre intuition est qu’aujourd’hui, à 10 000 kilomètres de nous, c’est une partie de notre modernité qui est en jeu, et les questions qui se posent là bas, dans toute leur démesure et leur outrance, trouveront, nous l’espérons, un écho ici.

(1) : Sandra Patron est la directrice du Parc Saint Léger – Centre d’art contemporain. Allyson Spellacy est artiste, irlandaise, installée à los Angeles depuis 2002 où, en sus de son travail à Gagosian Gallery, elle est la fondatrice de Angela Hanley Gallery, une galerie alternative installée Downtown.