EXPOSITION
DU 21 MARS AU 6 JUIN 2010

IT WAS ONE OF MY BEST COMES "C'était un de mes meilleurs coups"

Oscar Tuazon & Eli Hansen

Lorsque Oscar Tuazon a été invité à penser une exposition personnelle au Parc Saint Léger, il a rapidement proposé une collaboration avec son frère Eli Hansen. À cela rien d’étonnant, tant le travail de cet artiste américain né à Seattle en 1975 et vivant à Paris depuis 2007, se nourrit des collaborations les plus diverses. Cofondateur notamment du collectif parisien Castillo Corales, il déploie et nourrit sa pratique de plasticien par la publication, l’écriture et le commissariat d’exposition.

Une des collaborations les plus remarquables à ce jour des deux frères a eu lieu au Musée de Seattle en 2008. Invités à investir une salle du musée, les deux artistes ont choisi de baser leur intervention à 3000 kilomètres de là, sur l’île de Kodiak en Alaska. Ils y créèrent un habitat précaire, fait de matériaux recyclés et d’éléments naturels trouvés sur place. Au musée, ils installèrent des fragments de cette architecture, comme autant d’évocations d’un ailleurs où se manifesterait leur désir d’émancipation et où, libérés de toutes contraintes sociales, ils réinventeraient leur quotidien dans un geste utopique et jubilatoire.Ce projet offre un réel condensé des préoccupations d’Oscar Tuazon : sa fascination pour la pratique du DIY (Do It Yourself), son intérêt pour détourner les matériaux et les lieux de leur fonction première, son investissement physique, quasi performatif dans la réalisation de ses sculptures, et au-delà, la façon dont son projet artistique se fonde et se nourrit d’un projet de vie.Il n’est guère aisé d’évoquer bien en amont un projet d’exposition d’Oscar Tuazon. La mise en tension et en danger qu’il opère dans ses pièces, dans une confrontation de matériaux à la limite de l’effondrement ou de la cassure, est intégrée dans le processus même de constitution de l’œuvre. L’artiste ne pense pas en amont le projet d’exposition dans ses moindres détails, il s’imprègne de l’esprit des lieux puis revient quelques jours avant son ouverture pour une réalisation sur place, effectuée dans un engagement physique intense.

Tentons néanmoins l’exercice d’une mise en bouche de son exposition au Parc Saint Léger : le titre de l’exposition « It was one of my best comes » (c’était un de mes meilleurs coups) est extrait d’un poème de Cedar Cigo, jeune poète de la scène alternative américaine avec laquelle Oscar Tuazon entretient des liens étroits et féconds. Dans l’espace central, les deux artistes installent deux arbres arrachés à la forêt et présentés contraints, sanglés et renversés. L’enjeu sera de capter le matériau dans cet état intermédiaire, quand il n’est plus à l’état brut et pas encore un produit fini. L’arbre coupé, arraché, répond à cet état sans fonction – plus tout à fait un arbre et pas encore une table ou une chaise. Un objet en attente, un peu absurde, créant un moment de tension lyrique et en suspens qui, dans le même temps, devient un élément structurant de l’architecture.

Ce principe est également à l’œuvre dans deux autres nouvelles productions présentées au centre d’art : la première consistera à présenter une distillerie portative et faite maison, clin d’œil à peine voilé à la prohibition aux Etats-Unis. Ce projet se nourrit également du lieu et de ses spécificités, puisque les deux artistes vont extraire du sol l’eau de l’ancienne station thermale pour alimenter leur distillerie et fabriquer du whisky. Cette eau qui dort sous nos pieds, retirée de la circulation à la fin des années 70 pour des raisons de faible rentabilité économique, sera également utilisée pour alimenter la Double Bubble Engine, une machine expérimentale imaginée par l’inventeur et architecte Steve Baer. Steve Baer est connu des spécialistes car il a parmi d’autres – et notamment avec Buckminster Fuller – inspiré la réalisation des maisons géodésiques de Drop City, la première cité hippie fondée au Colorado dans les années 70. La Double Bubble Engine poursuit les recherches de l’inventeur autour de l’énergie solaire. Ce prototype impressionnant par sa taille et son apparente complexité, qui tourne lentement sur son axe par la force centrifuge de son poids, produit une quantité d’énergie minime que sa réalisation en devient absurde.

Deux arbres arrachés à leur destinée, une source d’eau détournée de sa lente agonie transformée soit en alcool, soit en électricité, tous ces procédés mettent en exergue les processus de production et la façon dont des produits dérivés ou déchus sont toujours dans l’imminence d’une autre vie, d’un devenir ou d’une disparition. Saisir la beauté et la fulgurance de cet entre-deux, c’est ce à quoi les deux artistes nous invitent au Parc Saint Léger. Avec peut-être comme mot d’ordre un titre d’une des pièces de Tuazon qui, à elle seule, fait figure de manifeste : RESTER VIVANT.
Sandra Patron

Oscar Tuazon est né en 1975 à Seattle,il vit et travaille à Paris. Eli Hansen est né en 1979 dans la même ville, il vit et travaille à Tacoma. Oscar Tuazon est représenté à Paris par la galerie Balice&Hertling, à New York par Maccarone et à Oslo par Standard. Eli Hansen est représenté par Lawrimore project à Seattle. Oscar Tuazon a récemment exposé à la Kunsthalle de Berne, le Centre International d’art et du Paysage de Vassivière ainsi qu’à Evento à Bordeaux. Le premier catalogue monographique de l’artiste paraîtra en avril 2010. Il est le fruit d’une collaboration entre le Parc Saint Léger, le Centre Internationale d’art et du Paysage de Vassivière et la Kunsthalle de Berne. Il sera publié chez Paraguay Press.

Exposition en partenariat avec la Kuntshalle de Berne (Suisse)

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Vendredi 23 avril à 20h30 :
Projection du documentaire Tyson de James Toback à l’Auditorium de Nevers en collaboration avec l’ACNE avec le soutien de la Médiathèque Jean Jaurès de la Ville de Nevers
Entrée libre

Dimanche 2 mai à 15h :
Les œuvres d’art ne parlent pas que d’art
Visite de l’exposition avec Patrice Warnant, directeur de l’agence ABW et Alice Guybert-Routier, chargée du service des publics
Entrée libre

Dimanche 6 juin à 15h :
Goûter l’art au jardin
Atelier pour les familles avec Anne de Villèle, artiste, et Patricia Aguera, conteuse en partenariat avec l’Ilôt Livres
Entrée libre, réservation obligatoire au 03 86 90 96 60.

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