EXPOSITION
DU 30 MARS au 12 MAI 2013

Vingt-deux siècles d’inspiration

Bevis Martin & Charlie Youle

Palais ducal de Nevers / Médiathèque de Nevers / Collège Adam Billaut de Nevers, Galerie S102

Un partenariat Parc Saint Léger – Hors les murs, Ville de Nevers Avec la participation de la Médiathèque de Nevers et du collège Adam Billaut.

Après Tony Regazzoni et Soraya Rhofir, le Palais ducal de Nevers accueille un duo d’artistes anglais, Bevis Martin & Charlie Youle, toujours pour une exposition jouant du contexte spectaculaire, polymorphe et pluridisciplinaire du lieu.

D’une table ronde où dansent les chiffres et les formules abstraites, à des céramiques incarnant les représentations de nos livres d’école, les œuvres de Bevis Martin & Charlie Youle nous proposent un semblant de pédagogie, qui remet en question les rapports trop facilement admis entre une idée et sa formalisation. Bevis Martin & Charlie Youle fabriquent des oeuvres — tableaux, sculptures, installations ou encore performances, à la lisière de la découverte organique et de l’exploration physique, entre une démonstration mathématique et un espace de fiction, voire de science-fiction.

Nous sommes intéressés par l’étrangeté qui réside dans la transmission des savoirs, que ce soit à l’école, dans les musées ou ailleurs. (Bevis Martin et Charlie Youle)C’est la passivité dans notre relation aux images et aux objets qui interroge les artistes, lesquels travaillent à “trouver un chemin pour perturber la confortable équation “idée transmise -> objet/image -> idée reçue””. Ils observent les mises en scènes des musées, les ouvrages scolaires ou encore les techniques de communication publicitaires, tous processus visant à transmettre une idée dans une illusion d’objectivité. En réaction à ces constats, ils produisent des formes perturbantes et inhabituelles, associant différents codes : la prévention de l’hygiène et la tradition céramiste, l’astrologie et le collier de nouille — motif récurrent de l’expression artistique des enfants. Et à la fixité et l’immédiateté de l’image ou de l’objet de communication, ils opposent des œuvres utilisant l’esthétique de l’atelier, de l’expérience scientifique ou de la salle de biologie vintage.

Ainsi la projection ou l’échec sont parties intégrantes de l’œuvre pour ces artistes qui jouent sur la limite entre l’objet fini et l’expérimentation. L’exposition se déroule cette année en 3 lieux, 3 moments du travail des artistes, 3 rapports différents entre des idées et leur possibles incarnations. A la médiathèque, l’exposition proposera des œuvres mais aussi des documents de références, sources des réflexions des artistes. Certaines de ces inspirations ont été piochées au Musée de l’éducation de Nevers, véritable mine pour analyser l’évolution de la transmission du savoir. Au collège Adam Billaut, autre lieu de passation de la connaissance, l’exposition s’attachera à la partie prospective du processus artistique : esquisses, prototypes de pièces, maquettes seront au centre de l’exposition, montrant l’œuvre en train de se faire. Au Palais ducal, l’exposition, entre show spectaculaire, démonstration artisanale et représentation scientifique, utilisera le matériau typique de la Nièvre —la céramique, le plâtre ou encore le papier mâché, offrant une expérience inédite, parfois drôle, parfois dérangeante des grandes inventions des quelques vingt-deux siècles précédents !

Nous suivons notre instinct pour produire un travail qui nous fait rire, non pas que nous souhaitons produire des œuvres simplement drôle, mais parce que nous considérons le rire comme un signe que quelque chose est déroutant.

On retrouve chez Bergson ce parallèle entre l’art et le rire, les deux nécessitant et provoquant un détachement du réel, la perception humaine étant selon lui, la plupart du temps, aveuglée par l’usage. “Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu’une simplification pratique.(…) Enfin, pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.”(1) Sans prétendre nous faire découvrir la vérité universelle, Bevis Martin et Charlie Youle s’amusent de la construction de la vérité objective des sciences positives en nous montrant des tableaux triviaux de Newton, Leibniz ou encore Archimède découvrant dans leur quotidien les grandes lois de la Nature.

Céline Poulin, commissaire de l’exposition et chargée de la programmation Hors les murs du Parc Saint Léger.

1 – Bergson, Le rire, chapitre III, le comique de caractère.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Mardi 14 mai 2013 à 18h30
Roues imaginaires, roues possibles, conférence de Patrick Peccatte, chercheur associé au LHIVIC (EHESS) dans le cadre de « Zones Mixtes » : programme de conférences en co-production avec la Médiathèque Jean Jaurès de Nevers.
Un monoroue (monowheel) est un véhicule constitué d’une seule roue où le conducteur est à l’intérieur de la roue elle-même. Dans la réalité, les monoroues n’ont jamais dépassé le stade expérimental. Mais dans la fiction, ce sont toujours des engins véloces, très maniables, et la plupart du temps des armes de guerre redoutables. Nous nous interrogerons sur la typologie de ces monoroues imaginaires et leurs propriétés comparées. À partir de cet exemple simple, nous examinerons à l’aide du concept de fiction possible comment l’imaginaire accède à la cohérence et acquiert ainsi statut de possible.
À l’auditorium Jean Jaurès, Médiathèque de Nevers

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