EXPOSITION
DU 19 OCT. 2013 au 09 FEV. 2014

bottled water branded water

Gabriel Kuri

Le Parc Saint Léger – Centre d’art contemporain est heureux d’accueillir la première exposition en France de l’artiste Gabriel Kuri.

Le travail de Gabriel Kuri, artiste mexicain né en 1970, a été remarqué dans le cadre de grandes expositions collectives internationales (Biennale de Venise en 2011, Biennale de Berlin en 2008, Walker Art Center, Minneapolis, en 2007, New Museum en 2007) et a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques à travers le monde (Kunstverein Freiburg et Bielefelder Kunstverein en Allemagne, Museion de Bolzano en Italie, Blaffer Art Museum aux USA).

Au Parc Saint Léger, Gabriel Kuri propose un nouvel ensemble conséquent de sculptures totalement pensées pour le lieu et qui se déploieront en divers endroits du site.

Si son travail peut à l’occasion se développer via le texte, le collage ou la photographie, tout chez Gabriel Kuri renvoie à une recherche sur la sculpture, une recherche sur sa nature et ses possibilités formelles et conceptuelles, dans un aller-retour passionnant entre l’abstraction des formes, les codifications qui leur sont attachées et leurs usages possibles.

Son vocabulaire plastique combine des matériaux dits traditionnels de la sculpture (marbre, métal, pierre) avec des éléments triviaux issus du BTP (plaques d’isolation, ciment, carton), auxquels viennent souvent se greffer de manière inattendue des objets de notre quotidien (sacs plastiques, mégots de cigarettes, tickets de caisse, cannettes). La présence constante de ces éléments déclassés de notre vie de tous les jours provoque des connections sémantiques entre une forme existante et son usage dans un monde globalisé où règne la surconsommation. Les tickets de parking et autres mégots de cigarettes délicatement imbriqués dans des sculptures sobres et formelles qui se jouent des codes du minimalisme semblent ainsi contaminer la sculpture toute entière et la marquer de son statut de consommable. Pour Gabriel Kuri, tout objet – et par objet il faut entendre à la fois l’ensemble des objets produits par notre société, mais également l’ensemble des objets « produits » par la nature -, tout objet donc, est potentiellement une sculpture dont le pouvoir d’évocation est amplifié et décuplé par le champ de référence qui constitue son biotope.
À travers une série de contrepieds sur le consumérisme et la globalisation, Gabriel Kuri, sans leçon de morale mais avec humour et poésie, développe une critique sociale et politique de nos modes de vie et de nos process de production. En se confrontant tout à la fois aux formes issues de l’histoire de l’art et aux formes usuelles, Gabriel Kuri nous propose ainsi une conception élargie de la sculpture dans laquelle les objets de notre vie de tous les jours participent pleinement de l’expérience esthétique.L’exposition bottled water branded water prend comme point de départ le site du Parc Saint Léger et son histoire. À l’instar de son rapport aux objets du quotidien, Gabriel Kuri a envisagé le lieu comme une situation donnée avec ses composantes spécifiques, qu’elles soient spatiales, économiques ou culturelles. Le titre de l’exposition fait référence à l’activité économique qui a fait vivre le lieu jusqu’aux années 1970, celle d’une station thermale qui proposait sur le site un ensemble d’activités ludiques et commerciales. Comme le néologisme du titre le suggère, l’exposition évoque de manière implicite la commercialisation de l’eau, cette ressource naturelle indispensable à la survie de l’homme qui n’échappe cependant pas aux logiques marketing.Dans ce contexte, l’artiste nous propose un nouvel ensemble de sculptures permettant une déambulation entre des espaces intérieurs et extérieurs, à la fois dans l’espace d’exposition mais également dans deux architectures, vestiges de l’époque thermale, le Pavillon des Sources et le Promenoir.Sous le Promenoir, Kuri installe une sculpture en tubulure métallique qui se déploit sur une vingtaine de mètres, en autant de tours et détours d’une ligne tout en courbe. La douceur des formes contraste avec l’aspérité de pics anti-pigeons qui la recouvre, tandis que des piécettes de monnaie – suggérant avec humour les fontaines à vœux, font écho au passé thermal du site.Dans le Pavillon des Sources, une architecture typique de la fin du XIXème qui servait d’échoppe pour vendre l’eau et ses produits dérivés, Kuri nous propose un ensemble de sculptures, soit du mobilier de bureautique (photocopieur, armoires de rangement, classeurs) recouverts d’un revêtement en feuilles de goudron comme s’il s’agissait d’une seconde peau. Le résultat est plastiquement troublant, tout à la fois évocateur – les formes sont reconnaissables, et étrangement mutique. Ce que ces objets perdent en fonctionnalité, le geste du sculpteur leur fait gagner en qualités formelles et plastiques. En vis-à-vis, un ensemble de distributeurs de serviettes en papier chromés complétera le tout.Dans l’espace même d’exposition, Gabriel Kuri orchestre des agencements d’objets et de sculptures présentés sur des fonds de scène en papier, comme si l’installation dans son ensemble était en attente d’un cliché photographique qui en ferait la promotion dans un magazine de savoir-vivre.

Enfin, telle une extension de l’exposition, Gabriel Kuri propose au visiteur une publication, un répertoire en images des différentes marques françaises d’eau de source, photographiées telles des produits publicitaires, et dont les bouteilles seront remplies d’un liquide jaunâtre et guère engageant, métaphore à peine voilée des enjeux économiques qui se cachent derrière l’exploitation de nos ressources vitales.

L’ensemble de ces interventions propose au visiteur de s’immerger dans une expérience tout à la fois sensorielle et conceptuelle, un voyage au centre de la sculpture et de ses potentiels.

 

Commissaire de l’exposition : Sandra Patron

Gabriel Kuri est représenté à Berlin par Esther Shipper, à Londres par Sadie Coles, à Mexico par Kurimanzutto et à Turin par Franco Noero.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Dimanche 8 décembre 2013 à 16h
Visite commentée de l’exposition (entrée libre)

PROJECTION
Vendredi 10 janvier 2014 à 20h30
Mulholland Drive de David Lynch, en partenariat avec l’ACNE à l’auditorium de la Médiathèque Jean Jaurès de Nevers(entrée libre)

CONFÉRENCE
Mardi 21 janvier 2014 à 18h30
« Aire de jeux »,
Vincent Romagny, commissaire d’exposition et éditeur indépendant, dans le cadre du programme de conférences « Zones Mixtes » à la Médiathèque Jean Jaurès de Nevers(entrée libre)

Dimanche 26 janvier 2014 à 16h
Visite commentée de l’exposition (entrée libre)

DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER